Fragments d’Égypte
DÉCEPTION AU PAYS DES PHARAONS
(ça rime)
Je devais avoir sept ans lorsque j’ai découvert un livre sur l’Égypte, plus précisément sur les dieux égyptiens. Je me souviens encore de la fascination que j’ai ressentie à mesure que je tournais les pages, captivée par la mythologie égyptienne et tous les mystères qui l’entourent. C’est à ce moment-là précis qu’est né mon amour pour l’Histoire avec un grand H et mon désir d’étudier cette discipline, avec l’espoir d’en faire un jour mon métier. Je me rêvais archéologue et aventurière, puis égyptologue. J’aimais tellement cet univers qu’en sixième, j’étais ce genre d’élève qui faisait des exposés non notés sur Anubis, avec un grand panneau en carton sur lequel j’avais collé, avec ma maman, toute une série de photos de cette divinité égyptienne et les étapes de l’embaumement. Un peu glauque, certes, mais je me revois encore à dix ans, me tenant fièrement devant une trentaine d’élèves, parlant avec passion pendant de longues minutes, tandis que la moitié de mes camarades ne comprenaient pas pourquoi je m’étais portée volontaire pour un exposé non noté. Spoiler Alert: Je n’ai pas suivi les traces d’Indiana Jones ni celles d’Evelyn O’Connell
Près de vingt ans après, j’ai enfin réalisé ce rêve. J’ai eu la chance de m’envoler vers ce pays que j’avais tant rêvé de découvrir et de le visiter du Nord au Sud - littéralement. Et pourtant… la déception a été immense. Le mot ”déception” semble presque trop faible pour décrire ce que j’ai ressenti après ce long séjour. J’ai vu des choses incroyables, des merveilles antiques qui m’ont littéralement coupé le souffle (j’en ai même pleuré, oui, oui). Pourtant, cela n’a malheureusement pas suffi à compenser le reste. Et je ne parle même pas des pyramides… Tout le plateau de Gizeh est jonché de déchets, la sécurité est quasi inexistante, et des gens écrivent sur les hiéroglyphes avec des marqueurs pour “laisser une trace”. Une trace, vraiment ? Leurs prénoms sont-ils nécessaires sur ces vestiges millénaires ? Permettez moi d’en douter. Le harcèlement incessant des propriétaires de chevaux et de chameaux en pleine souffrance est également insoutenable. Et, cerise sur le gâteau, on m’a aussi craché dessus.
Nous avons voyagé sans tour opérateur, utilisant divers moyens de transport dans le pays : du métro au train, en passant par le bus, l’avion ou le ferry. Nous avons séjourné dans plusieurs hôtels et Airbnb, et avons même fait appel à un guide à Louxor… Nous n’avons donc pas suivi le parcours touristique traditionnel qui consiste à éviter la population locale en restant sur un bateau de croisière sur le Nil (ce qui peut être très agréable pour certains, mais ce n’était pas notre choix) et nous avons été respectueux de la culture locale - malgré les 40-45°C, j’ai toujours veillé à porter des manches longues et des robes jusqu’aux chevilles - j’ai même porté un voile sur la tête dans les rues et dans certains endroits. Je pense qu’il est important de le préciser car on pourrait imaginer avec mon retour de voyage que j’ai adopté une mauvaise attitude entrainant des comportements en réponse à celle-ci, ce n’était pas le cas.
Toutefois, il est important de préciser que nous avons eu la chance d’être les témoins privilégiés de vestiges de l’Égypte Ancienne et bien que le cadre et l’ambiance étaient loin d’être agréables, nous n’oublierons jamais les monuments que nous avons pu voir. Il m’aura fallu près de trois ans avant d’avoir le courage de sortir mes pellicules de ce voyage et d’entreprendre le développement de ces dernières. Oui, car je suis partie avec un vrai petit stock de marques et d’ISO différents parce que j’avais envie d’expérimenter au maximum et quoi de mieux que ces décors incroyables pour le faire? Mais pourquoi avoir attendu autant de temps pour ça? Bon, certes j’ai encore du mal à penser à ce voyage sans frissonner (je vous assure que j’ai ma dose d’anecdotes sur cette aventure) et je suis en plein travaux depuis deux ans, pourtant la raison est autres. Laissez moi donc vous parler de ma merveilleuse interaction de l’aéroport d’Assouan et vous allez comprendre….
Cet article est déjà trop long mais promis, les prochains se contenteront d’être remplis de photos et ce sera largement suffisant. Comme je le disais plus haut, nous avons traversé tout le pays et après notre escale à Abu Simbel et Assouan, nous avions prévu de prendre le train de nuit pour revenir passer quelques jours au Caire. Oui, parce que j’avais toujours voulu tenter l’expérience et vu que l’Orient Express n’est pas encore dans mon budget (a girl can dream), je me suis dit que le faire en Égypte aurait quand même des allures d’un roman digne d’Agatha Christie. Sauf qu’après avoir fait l’expérience du train de jour entre Louxor et Assouan, je n’avais absolument pas envie de réitérer. Alors l’option avion était très bien. A l’aéroport d’Assouan, au moment du contrôle de nos sacs à dos contenant toutes nos affaires dont mon sac de pellicules, l’agent de sécurité et moi échangeons brièvement à ce sujet. Je lui explique que je fais de l’argentique et que je stresse toujours un petit peu au moment du scan de mes pellicules car j’ai peur que les rayons ne les abiment. Normalement en cabine, les machines utilisées sont moins puissantes et parfois certains agents acceptent de les vérifier manuellement - donc le risque est moins fort, ce que j’explique à l’agent d’ailleurs. Ce dernier me dit que j’ai du prendre de jolies photos pendant mon séjour puis passe le sac dans le scan. Je récupère ma veste, remets mes chaussures et attrape mon sac à dos en attendant le reste. L’agent s’approche avec un grand sourire, me tend mon sachet à pellicules et me dit “voilà, elles sont toutes mortes car ici nous utilisions de vieilles technologies.” Le culot, n’est-ce pas? J’ai récupéré le sachet et je suis restée immobile pendant une bonne minute. Et ce n’est même pas la drama queen qui sommeille en moi qui vous le dit, j’étais choquée/énervée/frustrée (bon vous avez saisi l’idée). A présent, j’imagine que vous comprenez surement pourquoi ces pellicules sont restées aussi longtemps endormies au fond d’une boite. Nous arrivons à la fin de cet article, vous gagnez une étoile si vous avez tout lu.